Un Film, produit d'une rencontre
par Galeshka Moravioff
Je me suis intéressé à Zanzibar d'une manière purement accidentelle..
En dehors du mythe exotique, j'ai découvert que cette île était un concentré de ce qui se trouve sur le continent africain depuis des siècles.
On peut réfléchir sur l'inextricabilité de l'identité noire africaine, incapable de trouver une solution en matière de perspectives.
A Zanzibar, on trouve le conflit entre les peuples venus du continent et ceux de la mer. La multiplicité sectaire des musulmans perses, hadramouts, omanais, indiens, swahilis et autres.
Les conflits de classes, ici au sens marxiste, ont des origines diverses du travail de la terre au stade préindustriel.
Les contradictions identitaires ont créé une confusion dans les conflits de chaque groupe: musulmans pauvres contre musulmans riches, musulmans pauvres d'origine africaine, musulmans riches d'origine arabo-africaine, petits propriétaires swahilis alliés à l'aristocratie arabe mais anti-marxistes contre les continentaux swahilis, rivalité entre les arabes installés à Zanzibar et ceux fraîchement arrivés, entre le petit peuple arabe et les grands propriétaires arabes et rivalité entre la paysannerie et la classe moyenne éduquée.
Conflit entre l'île et le continent.
Le swahili est lui-même déchiré entre ce que représente sa couleur, l'origine de sa civilisation, le fait même de la conversion à l'islam qui a permis l'unité politique des tribus et le rapport à l'Arabe, ancien esclavagiste, qui considère que le Noir africain reste un chien-esclave.
Omniprésence de la culture occidentale à travers l'origine des Noirs omanais et des Africains animistes ou christianisés.
On pourrait décliner infiniment cet écheveau.
L'île de Zanzibar est à l'image de ce continent africain en perpétuelle dérive.
Depuis la fin de la civilisation égyptienne, il est resté en dehors de l'axe Est-ouest de circulation civilisationnelle.
C'est ce "cliché" qui sera exposé dans ce film, avec des documents rares ou inédits et des prises de vues de bâtiments que probablement l'on ne reverra plus car ils risquent d'être détruits par les intempéries, ou parce que l'état d'urgence est réinstallé de manière épisodique, le gouvernement ne souhaitant pas qu'on parle trop de lui.
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