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« C’est une œuvre superbe, un western en forme de ballade, où la Haine, le Meurtre et la Vengeance viennent nourrir les situations dans un décor onirique, évoquant l’opéra wagnérien et la tragédie grecque. On y retrouve les obsessions de Lang, organisées dans une mise en scène simple et théâtralisée vers l’abstraction. Derrière la structure classique du western, Lang continue de traquer la Société sous toutes ses formes. Sa sympathie pour les derniers romantiques, fussent-ils hors-la-loi et assassins, ne l’empêchent jamais de les montrer sous leur réalité sombre, cruelle et éperdue. Comme le bijou fatal, la mise en scène marque d’une empreinte ineffaçable la passion destructrice qui conduit chaque élément à sa propre mort. » (Noël Simsolo)
« Dernier des trois westerns de Lang, c’est le seul où le cinéaste intègre complètement les données du genre à son univers intime. Varié et riche sur le plan formel, somptueux, lourd, flamboyant, presque baroque, l’espace du film est aussi fermé, mort, ne débouchant sur rien, sinon sur la répétition cyclique, fatale, sanglante des faits ayant enclenché le récit. Le décor de studio outrageusement artificiel qui marque la frontière entre le monde extérieur et le ranch ne fait que renforcer la structure close, asphyxiée, de cette histoire « de haine, de meurtre et de vengeance», le caractère d’absolue étanchéité de ce western pessimiste et, jusqu'à un certain degré, expressionniste. Pèse en effet sur les personnages une malédiction plus lourde que celle qui découle du péché originel dans les films d’Hitchcock. Au cours de son périple, Vern Haskell ne peut que se détruire et détruire ceux qui l’entourent ; mais il ne peut pas non plus ne pas se venger. Il appartient à une humanité déchue pour laquelle la notion de pardon n’a plus de sens ni même d’existence. Il appartient, comme tous les hommes, à une race maudite. » (Jacques Lourcelle) |