Tampopo, une jeune veuve tient un médiocre restaurant de soupes de nouilles dans un quartier populaire de Tokyo. Elle lutte courageusement et n’aspire qu’à une honnête vie, jusqu’au jour où un routier à la dégaine de cow-boy, Goro, entre dans sa vie. C’est un gourmand, il sait que la préparation de la soupe de nouilles est une vocation, sinon un rituel.
Le jour où il vient se restaurer chez Tampopo, il l’informe brutalement que ses nouilles « manquent de tripes » ! Elle le convainc alors de lui enseigner l’art de cuisiner une bonne soupe. Parallèlement à la quête de Tampopo et Goro aidés par maints personnages excentriques, plusieurs intrigues secondaires, toutes d’ordre culinaire, se nouent… Cette femme qui s’introduit furtivement dans les supermarchés et qui diaboliquement tâte les fruits et les fromages… Ce jeune couple dont les ébats dans une chambre d’hôtel sont agrémentés d’œufs.
En trois films, il a dynamité les notions de genre et de bon gout. Il a parlé de l’argent, de la mort et aujourd’hui, avec Tampopo, il fait le western spaghetti de la grande bouffe made in Japan. Il s’appelle Juzo Itami. C’est déjà un grand cinéaste.
L’homme avait d’abord étalé avec soin la crème fouettée sur le sein de la fille. Puis il avait léché lentement, sans chercher à dissimuler son plaisir. Après, il y eut le miel. Et enfin les crevettes. Pour les crevettes, il s’était surpassé. Elles étaient vivantes. Il les avait glissées sous une coupelle transparente, dans une sauce qui semblait les rendre folles. La coupelle, il l’avait placée sur le ventre de la fille. Elle riait hystériquement au rythme des crevettes qui sautaient sur sa peau. Une nuit entière de bouffe et d’amour. Un tempo d’enfer. Au petit matin, épuisés, il se sont regardés. Elle était jeune. Très belle. Il a sorti un œuf. Délicatement, il a ôté le blanc. Le jaune, il l’a fait glisser avec d’infinies précautions entre ses lèvres. Il a embrassé la fille. Au fur et à mesure qu’ils se repassaient, de bouche à bouche, le jaune d’œuf toujours intact, la tension montait. La fille, c’est sur, allait s’évanouir. Elle a joui. N’y tenant plus, incapable de retenir ce plaisir qui montait en elle, elle a crevé l’œuf. Le jaune a dégouliné sur ses lèvres, sur ces vêtements trop blancs. Ce jaune gluant de la jouissance si longtemps retenue, jamais on ne l’avait vu, au cinéma ou ailleurs. Le film était japonais. Il s’appelait Tampopo.
CHAPITRE 2. C’est le début. Nous sommes dans la salle de cinéma, face aux spectateurs. Ils regardent l’écran, ils nous regardent. Par la porte du fond, en pleine lumière-contre-jour, un type en costume blanc et une fille toute jeune font irruption. C’est l’homme de tout à l’heure. C’est la fille à l’œuf. Des gardes du corps le protègent, c’est un gangster. On lui amène un chariot plein de nourritures. Ils s’installent aux premiers rangs, tout près de nous. L’homme se lève, s’avance. « Tiens vous êtes au cinéma, vous aussi ? Moi, s’il y a une chose que je déteste, quand je regarde un film, c’est d’entendre un connard froisser un paquet de popcorn ou un truc comme ça. Ca me rend fou. » Juste à ce moment, un spectateur fait crisser son paquet de chips. Le gangster se lève, saisit l’homme par le col et hurle : « Tu n’as pas intérêt à refaire ça, minable ! » Bien sur, l’homme s’écrase. Il se fait tout petit sur son siège. Le film peut commencer. Le générique de Tampopo défile.
CHAPITRE 3. Nous sommes dans un camion. Un jeune type lit un livre pendant que son copain, un drole de zigotto avec un chapeau de cow-boy, conduit l’engin. Le livre raconte, sous forme d’initiation culinaire, comment un vieux professeur japonais enseigne à son disciple l’art de manger des nouilles. La soupe de nouilles au porc, exactement. « Mais non ! Pas si vite. Tu regardes d’abord la soupe. Tu t’en imprègnes, tu fais le vide, tu humes. Tu caresses de la baguette les trois lamelles de viande. Tu les plonges lentement dans le bouillon. Pas de précipitation, hein ! » Au fur et à mesure que ces leçons zen un peu particulières se déroulent, les deux routiers ont de plus en plus faim. Imaginer ainsi le lent chemin qui mène au nirvananouilles ferait saliver le plus anorexique des japonais. Ils craquent et s’arrêtent au premier boui-boui venu. C’est une infecte baraque à nouilles. La patronne, d’ailleurs, plonge les pâtes dans une eau qui n’est même pas entrain de bouillir. Un homme ivre embête tout le monde. C’est l’horreur. N’y tenant plus, notre routier cow-boy provoque en karaté-duel l’ivrogne agressif et ses acolytes. « Sors dehors si t’es un homme ! » Les types valsent, projetés dans les airs, c’est sûr, il va se les faires tous. Au matin, on découvre notre homme, passablement contusionné, qui se frotte les côtes. Pas si fort que ça, le kung-fu-cow-boy. Cela n’empêche pas la patronne du boui-boui, éperdue d’amour, de se jeter à ses pieds : « S’il vous plaît, je vous en supplie, apprenez-moi l’art de faire la soupe ! » Il s’exécute. Tampopo, western-spaghetti pas comme les autres, débute pour de bon.
CHAPITRE 4. Tampopo c’est son nom. Ca veut dire pissenlit. Elle servait des nouilles sans y penser, comme ça, bêtement. Personne ne venait d’ailleurs manger chez elle. A partir de maintenant, ça va changer. Un bidonville. Le chef des clodos est un ancien prof, recyclé chroniqueur gastronomique pour sa tribu de gueux gourmands. Tampopo, les yeux écarquillés écoute les recettes, les anecdotes, les secrets.
CHAPITRE 5. Ici et là, on mange. Dans un restaurant français chic de Tokyo, un PDG prudent commande « consommé, truite et Heineken ». La tablée entière suit le patron. Un jeune employé, étourdi ou audacieux (ses collègues lui donnent de violents coups de pieds sous la table pour le dissuader), fait le malin et commande des escargots à la Taillevant tout en discutant du moindre détail avec le maitre-d’hôtel. Au même moment, dans le même restaurant, une jeune femme très digne apprend à de jeunes japonaises comment avaler des nouilles sans faire de bruit. Derrière, un homme engloutit sa soupe à grand renfort de sluuurp et de bluuurp. Imperturbable, la prof de maintien poursuit son cours. Soudain, n’y tenant plus, les élèves et professeur se mettent à siffler le bouillon comme des folles. Leurs chlruuup sauvages envahissent la bande-son, battant en sauvagerie tout ce qu’on peut imaginer. Dans un train, un homme a atrocement mal aux dents. Il peut à peine avaler les nourritures délicates que lui tend une jolie serveuse. Ellipse. On le retrouve chez le dentiste. Après l’opération, le chirurgien et ses assistantes (jolies, elles aussi) se précipitent à la fenêtre. Pour dégueuler. « Cet abcès quand même, ça ne vous gênait pas ? » « Ne mangez que des douceurs, pour commencer » On retrouve l’homme dans un parc, dégustant prudemment une glace italienne. Un enfant s’approche, yeux écarquillés, une pancarte accrochée autour du cou. On peut lire : « Elever aux produits naturels. Surtout ne me donnez pas de sucreries. » Echange de regards. Suspense crémeux. Tension. L’homme tend le cornet. L’enfant hésite longuement. Regard fou. Il finit par prendre la glace et mord dans la crème molle. Il s’en met partout.
CHAPITRE 6. Tampopo surmonte les épreuves. Bientôt, elle sera reine des nouilles. Le gangster au costume blanc lui, n’en mène pas large. Troué de balles, son costume rougi de sang, il tombe sous la pluie. Sa petite amie, la fille au jaune d’œuf, court vers lui. Juste avant de mourir, dans un râle, il lui raconte une histoire. « C’est l’hiver. Le sanglier n’a rien à manger. En fait, il ne trouve que des racines, des tubercules, et à une époque précise il ne se nourrit que d’ignames. Dès qu’on l’a tué, il faut lui ouvrir le ventre et cuire aussitôt l’intestin. On obtient un extraordinaire boudin d’ignames. Si tu savais, mon amour, comme c’est bon… »
CHAPITRE 7. Une plage. Le gangster blanc s’avance vers un groupe de femmes, les pieds dans l’eau. Elles pêchent. La plus jeune lui tend une huître qu’elle vient d’ouvrir. Au moment d’engloutir voluptueusement la bestiole, il se coupe. Du sang coule sur son menton. « C’est mieux ainsi demande la mignonne en lui tendant, au creux de sa petite main, l’huitre dans son jus. L’homme blanc se penche vers la main, et la fillette a le temps d’apercevoir une goutte de sang qui s’est déposée sur l’huitre. Ce repas-lolita a plongé l’homme blanc dans l’extase. La petite fille, elle, s’aperçoit enfin que les lèvres de l’homme blanc sont encore rouges du sang de l’huitre. Elle rapproche son petit visage du sien et lèche.
EPILOGUE. L’huître avalée est un peu la scène primitive de Tampopo. Le film mélange allègrement tous les genres : série B, comédie à l’italienne, mélo précieux, humour noir à la mocky, thriller sentimental etc. Juzo Itami a réalisé trois films. Le premier Funérailles, découvert à la Quinzaine des réalisateurs en 1985, décrivait avec une froide méchanceté les rites funéraires. Le troisième film d’Itami, Marusa no onna, fut la seule révélation du Venise de 1987. Il racontait les aventures d’une brigade d’Incorruptibles japonais chargée de débusquer les fraudeurs du fisc. A chaque film, tout en dynamitant la notion de genre, Itami traite à fond d’un sujet. Ethnologue-bricoleur du Japon d’aujourd’hui, il a commencé par s’attaquer à la mort. Puis à l’argent. Tampopo, au cas où l’on ne s’en serait pas douté, parle de nourriture.
Louis SKORECKI, Libération
Un tel film est certainement impensable dans des cultures où l’approche à la nourriture ne connaît pas cet esprit de sérieux profond, de fanatisme presque, que l’on trouve en Asie, en particulier au Japon (même la France, trop bien connue pour son fétichisme au sujet de sa haute cuisine, n’y est pas comparable). Le Japon est un pays avec une culture unique en matière de cuisine. Cette tradition fait partie intégrale de la vie quotidienne. Peut-être a-t-on entendu parler, par exemple, de Yoshiko Tatsumi par le documentaire de 2012, La rosée des cieux ou le sens de la vie selon Yoshiko Tatsumi. Cette femme, qui est une vedette au Japon, n’explique qu’une chose : comment il faut faire pour cuisiner un bon potage. Mais attention ! Il ne s’agit pas d’une question culinaire au sens technique du terme, mais d’une véritable recherche existentielle, puisque la vraie soupe est de la « rosée des cieux » par laquelle le cuisinier accomplit « l’unité parfaite des bienfaits de la mer, de la montagne et de la terre, dans un ensemble harmonieux ». Pour Mme Tatsumi, la nourriture et le bien-être sont profondément liés, et son but est d’apprendre aux gens de vivre mieux en mangeant mieux. Manger est donc plus que manger à sa faim : manger est un acte sacré. Ce rapport très particulier à la nourriture trouve aussi ses racines dans la religion, que ce soit le shintoïsme ou le bouddhisme dans sa tradition japonaise.
La nourriture et le jeu du cinéma
Juzo Itami montre que s’il est possible de prendre au sérieux la nourriture au Japon, il est aussi possible de jouer avec celle-ci. Tampopo montre comment. La bande-annonce joue déjà avec l’ironie et la citation. Après les western-spaghettis, elle annonce la réponse japonaise à ce genre : c’est-à-dire un western-ramen. Le camionneur Goro, toujours un chapeau de cowboy sur la tête, aide les faibles – dans ce cas la veuve Tampopo, propriétaire d’un petit resto rapide minable, qui ne sait pas encore faire la soupe parfaite. Le film commence avec la rencontre fortuite de Goro, son compagnon Gun et la malheureuse Tampopo. Il poursuivra cette histoire qui forme son noyau, en montrant les dangers et les aventures que les protagonistes doivent affronter pour que, finalement, Tampopo soit capable de faire non de la bonne soupe aux nouilles, mais LA VRAIE soupe aux nouilles.
En même temps, Juzo Itami déploie un véritable kaléidoscope d’anecdotes parallèles où la nourriture y joue toujours un rôle décisif. Réalisateur malicieux, Juzo Itami s’en sert pour s’amuser avec les codes, les citations et les genres faisant de son film un mélange éclectique du cinéma mondial. On y trouve le cliché déjà mentionné du cowboy, qui, juste comme Clint Eastwood, porte son chapeau de cowboy jusque dans son bain. Mais par leur manière d’agir, les protagonistes font aussi penser au personnel des films japonais sur les Samurai et les Yakuza. Cette image du solitaire honnête accompagné par quelques amis proches, fait de Goro une sorte de samurai des temps modernes. Et, si le film retrace leur lutte, car il s’agit d’une véritable lutte : par nombre d’actions et de tournures à n’en pas finir, il reste avant tout extrêmement burlesque. Après tout, pour rien de moins qu’une soupe parfaite aux nouilles, Goro, Tampopo et leurs amis sont prêts à sacrifier leur vie.
Tampopo est très connu pour le lien qu’il fait entre érotisme et nourriture. Une des séquences les plus impressionnantes du film joue justement sur le lien entre amour, nourriture et mort. Itami célèbre dans cette séquence l’innocence ludique mais cruelle du gaspillage. Un yakuza et sa maîtresse, les deux très chics, très stylés, célèbrent leurs préliminaires en mangeant et en buvant. Mais les mets très raffinés ne servent pas seulement comme des simples moyens de satisfaire leur faim ou leur recherche d’un plaisir de goût. Itami est loin de faire une simple illustration du proverbe « L’amour passe par l’estomac ». Il montre, au fond, une sorte de violation : la nourriture est détournée de son sens utilitaire et primaire. Le désir viole la nourriture à ses propres fins : on ne joue pas avec la nourriture, dit le « bon sens » – sauf que là, la nourriture fait partie intégrale du jeu d’amour.
Pourtant il serait faux de réduire le film à cette séquence marquante, parce que Itami, dans les autres séquences, met des accents tout à fait différents. Dans une autre histoire, par exemple, une femme vient de mourir. La famille est en deuil profond : ils ne savent pas comment se débrouiller sans leur mère, leur épouse, la femme de maison qu’elle était. Mais Itami met en scène un miracle : de son lit de mort, la femme ressuscite – pour cuisiner, une dernière fois, pour sa famille. D’abord, il y a un effet de grotesque comique, puisque la femme ne ressuscite que pour cette chose pas très grandiose qu’est le projet de faire un repas. Mais faire un repas, qui est aussi un geste maternel de charité et d’amour, est ainsi stylisé, et peut être plus fort que la mort même. Une activité très quotidienne et banale est ainsi quasiment sacralisée, avec humour. Dans une autre scène purement comique, un groupe d’hommes d’affaires se retrouvent dans un restaurant français. Tout le monde est un peu dépassé par la carte avec ses menus trop compliqués et ne sait pas quoi faire : il en résulte des faux pas embarrassants pour tous ces riches messieurs très sérieux. Par contre, c’est l’homme le plus jeune et le plus méprisé des autres qui s’avère d’être un vrai gourmet…
Le cinéma et la nourriture, mondialement
Tampopo est donc un film comique et satirique. Néanmoins, il y a au fond une posture profondément respectueuse envers la nourriture : la nourriture est chose décisive pour l’être humain. Itami montre bien que la nourriture joue un rôle fondamental dans notre vie, qu’elle peut être beaucoup plus que juste quelque chose qu’on dévore pour ne plus avoir faim. Il serait intéressant, dans cette perspective, de comparer Tampopo avec d’autres films où la nourriture joue un rôle éminent. On pense, naturellement, d’abord à des films dans laquelle la cuisine chinoise est présente, comme The Chinese Feast ou Eat Drink Man Woman. Là aussi, cuisiner et manger sont des actes quasiment sacrés. Dans d’autres films asiatiques, la nourriture peut aussi devenir une sorte de medium pour l’échange entre les hommes, comme dans Rice Rhapsody. Dans le cinéma européen, par contre, la posture envers la nourriture a un tout autre accent : même quand elle est plus que juste une décoration bienséante, il n’y a pas cette (quasi-)sacralisation qu’on trouve dans le cinéma asiatique. Dans Chocolat, le chocolat est un détail décoratif pour une histoire d’amour. La grande bouffe et dans la scène de fin de Les marguerites, on fête le gaspillage ou l’anéantissement extrême et absurde des denrées. Dans The Cook, the Thief, his Wife and her Lover, Peter Greenaway joue sur le contraste où l’opulence des mets rencontre la pourriture, et la haute cuisine, le cannibalisme. Dans le court-métrage Banquet, Garri Bardin met en scène le déroulement d’un banquet d’anniversaire catastrophique : on y voit tout – sauf les invités… La liste de films de ce genre – qu’ils viennent de l’Asie, de l’Europe ou de l’Amérique – pourrait être prolongé presque infiniment. Il faudrait, bien sûr, parler aussi de Le Festin de Babette, L’aile ou la cuisse, Tortilla Soup, Super Size Me et tous les autres films qui, d’une manière ou d’une autre, intègrent la nourriture. Assez de films pour écrire tout un livre sur la nourriture et le cinéma !
Mais Tampopo, reste un des « food films » les plus réussis. Oscillant entre les genres et les registres, Itami crée une œuvre d’une légèreté étonnante. L’éclecticisme badin, la structure arabesque du film avec son histoire principale, ses péripéties, son humour, et son ironie jamais glaçante en font un vrai bijou.
(Cinéclub.ens)
Juzo itami est né à Kyoto en 1933. Il est le fils de Mansaku Itami, l’un des metteurs en scène les plus marquants au Japon. Tout d’abord comédien, il joue dans les films comme 55 Jours de Pékin de Nicolas Ray, Lord Jim de Richard Brooks, Je suis un chat et Les sœurs Makioka de Kon Is Hikawa et La Famille Game de Yoshimitsu Morita. Pour ces deux derniers rôles, il a reçu le prix d’interprétation du meilleur second rôle. Entre temps, il s’est révélé un essayiste talentueux, et l’un de ses ouvrages Ecoutez Femmes ! a été vendu à plus d’un million d’exemplaires. Son premier long métrage Funérailles, présenté au Festival de Cannes 85 par la Quinzaine des réalisateurs) a remporté le prix du meilleur film décerné par l’Académie japonaise, ainsi que celui de la mise en scène, et de la meilleure interprétation masculine et féminine. Tampopo son second film est à ce jour le plus grand succès japonais aux U.S.A. En 1987, il réalise L’inspectrice qui a été présenté au Festival de Venise 87. Juzo Itami, cuisinier aussi gourmand que gourmet, se marie une première fois avec Kazuko Kawakita (1960–1966) puis avec l'actrice Nobuko Miyamoto (1969–1997) qu'il rencontre sur le film de Nagisa Oshima, À propos des chansons paillardes japonaises (Nihon shunka-kô).
Le metteur en scène japonais Juzo Itami meurt le 20 décembre 1997, en se précipitant dans le vide depuis le 8e étage d’un immeuble de Tokyo. Suicide, affirme sa maison de production, qui a révélé qu’Itami avait laissé une lettre où il aurait écrit : « Je prouverai mon innocence avec cette mort. » Phrase faisant référence à ce dont l’accusait le magazine à scandale Flash, à savoir une liaison avec une jeune actrice de 26 ans. Suicide, estime aussi la police japonaise, qui a précisé n’avoir pas trouvé d’indice de malveillance. La question pouvait se poser : Itami, réalisateur de Tampopo, cinéaste qui a le mieux su provoquer la société japonaise, avait eu en effet maille à partir des yakusas. En 1992, dans Mimbo O Ona (L’Avocate, inédit en France), il avait en effet ridiculisé les gangsters japonais, rejetant l’imagerie classique qui fait de ces potentats du crime des espèces de chevaliers. L’impertinence lui a coûté cher. En septembre de la même année et malgré la protection de la politique, Itami est attaqué au couteau par des hommes de main, lui laissant une profonde cicatrice à la joue gauche. Ce n’était pas la première fois que cet excellent cinéaste, vu par certains comme un croisement de Jean-Pierre Mocky et Frederico Fellini, bousculait les idées reçues. Révélé en 1984 par Funérailles, long métrage qui détaille les rites funéraires japonais extrêmement compliqués, il a signé l’année suivante un succès mondial : Tampopo. Seul film du cinéaste à avoir été distribué en France, il eut droit à d’excellentes critiques. A l’époque, Libé titra Tampopo d’enfer, Louis Skorecki soulignant combien Itami dynamitait les notions de genre et de bon goût. (Libération)
Longs métrages :
1984 : The Funeral
1985 : Tampopo
1987 : L'Inspectrice des impôts
1988 : L'Inspectrice des impôts 2
1990 : A-ge-man
1992 : L'Avocate
1993 : Le Grand malade
1995 : Une existence tranquille
1996 : La Femme du supermarché
1997 : Marutai no onna
Les acteurs
TAMPOPO | NOBUKO MIYAMOTO |
GORO | TSUTOMU YAMAZAKI |
GUN | KEN WATANABE |
PISKEN | RIKIYA YASUOKA |
L'HOMME AU COMPLET BLANC | KOJI YAKUSHO |
SA MAITRESSE | FUKUMI KURODA |
REALISATEUR | JUZO ITAMI |
SCENARIO | JUZO ITAMI |
PHOTO | YUKIO INOUE |
MONTAGE | FUMIO HASHIMOTO |
MUSIQUE | KUNIHIKO MURAI |
UNE PRODUCTION | ITAMI PRODUCTIONS - NEW CENTURY PRODUCTIONS |
DISTRIBUE PAR | Films Sans Frontières |