« Tout le monde me disait : "Mais qui voudra voir un acteur en fauteuil roulant et que personne ne connaît ?" » - Mark Ruffalo
Comment tout a commencé...
L'amitié de Mark Ruffalo et Christopher Thornton remonte à leurs cours d'art dramatique au Conservatoire de Stella Adler, il y a vingt ans. Jeunes acteurs prometteurs, ils attendent avec impatience de percer dans le milieu du cinéma quand la vie de Christopher prend un tournant tragique : il fait une mauvaise chute et se brise la colonne vertébrale. Cloué dans un fauteuil roulant, il se résout à faire une croix sur sa carrière d'acteur mais Mark Ruffalo l'encourage à poursuivre son rêve et à revenir sur les planches. Christopher Thornton se lance dans l'écriture, sachant pertinemment que les bons rôles pour acteurs en fauteuil roulant ne courent pas les rues. Le premier jet de ce qui allait devenir Sympathy for Delicious date d'il y a 10 ans. Mark Ruffalo raconte : « Il me tend ce scénario de 198 pages qui part dans tous les sens, mais j'ai tout de suite su que je voulais le réaliser. J'étais loin d'imaginer qu'il faudrait plus d'une décennie de luttes infernales pour que le film existe. "
Mark Ruffalo sait qu'il veut Christopher Thornton dans le rôle principal, mais il s'avère difficile de convaincre les investisseurs. Personne ne veut financer un film avec un acteur inconnu et paraplégique. Après de multiples refus dans tout Hollywood et quarante versions du scénario plus tard, une vieille amie de leur compagnie de théâtre, Joanne Jacobson, vient à leur rescousse. Son apport permet à l'équipe de réunir suffisamment d'argent pour démarrer la production.
Los Angeles, foyer des guérisseurs rock'n'roll...
Mark Ruffalo sait que l'histoire de Dean ne peut être filmée qu'à Los Angeles, malgré les coûts supplémentaires que cela implique. « On nous a offert des crédits d'impôt pour tourner dans plein d'autres endroits, mais impossible d'imaginer le film ailleurs. Toute l'histoire tourne autour de cette quête désespérée de la célébrité à Los Angeles. Voici la raison de vivre de Dean : son besoin d'être reconnu. » Par ailleurs, L. A. est le seul endroit où l'existence d'un guérisseur rock'n'roll ne semble pas trop farfelue.
Dans le film, L. A. est un personnage en soi, complexe. Mark Ruffalo a voulu montrer tous les lieux que la plupart des gens, même ceux qui habitent la ville, ne voient jamais. Il a choisi de tourner en centre-ville : « J'y ai habité une bonne partie de ma jeunesse. Je savais donc à quel point ça pouvait être beau, désolé, triste et brutal. Ce quartier a une beauté brute et une longue tradition de l'itinérance. » De nombreux acteurs viennent à Hollywood dans l'espoir de devenir riches et célèbres, mais ils déchantent souvent et sont parfois contraints de vivre dans leur voiture, comme Dean.
Un don se cache peut-être derrière toute cette tristesse et cette tragédie...
L'idée récurrente de Sympathy for Delicious, c'est que le bon remède n'est pas celui qu'on veut, mais celui qu'il nous faut. Cinq ans jour pour jour après sa chute, Christopher Thornton déjeune avec Mark Ruffalo et lui annonce solennellement qu'il a enfin renoncé à tout espoir de marcher à nouveau. Mark Ruffalo lui répond : « Je t'ai connu avant ton accident, et l'homme que tu es aujourd'hui est bien plus grand que celui que tu étais avant. Un don se cache peut-être derrière tout cela. Cet événement t'a peut-être structuré et rendu plus fort. » Peu de temps après cette conversation, Christopher Thornton termine le scénario. Mark Ruffalo raconte : « Le film sort à un moment où les Américains souffrent, mais je pense que les épreuves difficiles nous font évoluer. Les gens cherchent à donner un sens à l'inexplicable, ce qui est exactement le moment où la foi entre en jeu. »
« Tout le monde adorait le scénario, mais on me posait toujours la même question : "Comment tu comptes réussir ton coup ?" »
Mark Ruffalo
Réunir les acteurs...
Une fois le scénario prêt, Mark Ruffalo sait qu'il lui faudra les meilleurs acteurs possibles pour incarner ce projet. Connaissant Laura Linney, Noah Emmerich et John Caroll Lynch, il les contacte directement et leur demande de travailler au minimum syndical : « J'avais un scénario intéressant, c'est ça qui les a branché. Ça n'est pas seulement une question d'amitié. Mais tous ceux qui ont accepté de se lancer dans l'aventure m'ont ensuite demandé : « Comment tu comptes réussir ton coup ? » ».
Selon Mark Ruffalo : « La mise en scène, c'est une autre paire de manches. L'acteur a une mission très personnelle, très isolée, tandis que le metteur en scène doit tout prendre en compte. Il faut décider où placer les caméras, comment organiser telle scène, où mettre les figurants, tout ! C'est un vrai pari de superviser tout ça et de jouer en plus ». Avec seulement 23 jours de tournage prévus, Mark Ruffalo s'est imposé l'épreuve du feu.