Au début des années 30, dans un village du nord-est de la Chine. La jeune Jiu Er (Gong Li) est promise, en échange d'un âne, à un vieil homme lépreux propriétaire d'une ferme. Lors du voyage en palanquin, la jeune femme est victime d'une tentative de rapt mais est sauvée par Yu Zhanao (Jiang Wen), l'un des porteurs. Une passion naît entre eux et après la mort de son mari, Jiu Er, qui a pris la direction de la ferme et de la distillerie de sorgho, épouse Yu avec qui elle a un fils. Quand la guerre éclate, les troupes japonaises envahissent le village, brûlant les récoltes et torturant les habitants.…
Né en 1955, Mo Yan est aujourd'hui l'un des écrivains les plus réputés en Chine et à l'étranger. Son style se caractérise par son traitement très libre de thèmes comme le sexe, le pouvoir, la politique décrivant sans détours mais non sans humour les méandres psychiques et physiques de la Chine contemporaine. En 1981, il publie sa première nouvelle, Radis de cristal, et prend son nom de plume Mo Yan. Sa reconnaissance est immédiate, mais ce n'est qu'avec Le Clan du sorgho, qui est porté à l'écran sous le nom Le Sorgho rouge par Zhang Yimou en 1987, qu'il atteint sa notoriété actuelle.
Le prix Nobel de littérature a été attribué en 2012 à Mo Yan, « qui avec un réalisme hallucinatoire unit conte, histoire et le contemporain » selon l'Académie suédoise
« Couronné par un Ours d'or à Berlin, en 1988, Le Sorgho rouge est placé sous le signe de la couleur écarlate, couleur traditionnelle du mariage, du vin, du sang et du yang, la force mâle. Il est difficile de résister à l'impact de ses images lyriques accompagnées du son des cuivres et du martèlement des percussions. La scène au cours de laquelle la jeune fille se livre à son fougueux soupirant est un modèle : à la fois fiévreuse et pudique, la caméra s'écarte sur les roseaux caressés et maltraités par le vent. »
Nagel Miller, Télérama
« Le Sorgho rouge est devenu un film culte, fruit de l’extraordinaire connivence du réalisateur et des acteurs. D’abord Jiang Wen, étoile montante du cinéma chinois depuis 85, devenu à vingt-cinq ans l’idole incontestée de toute la jeunesse chinoise, l’unique star masculine pouvant se mesurer aux très grande actrices telles Pan Hong et Lio Xiaoquing. Mais surtout Gong Li, étudiante à l’Institut national de théatre, catapultée grâce au Sorgho Rouge au firmament du cinéma. Pour des spectateurs habitués aux fadeurs et mignardises dont sont trop souvent affligées les actrices chinoises, la beauté farouche de Gong Li apporte la révélation bouleversante de la sensualité.»
Ursula Gauthier, Libération
«Enfin un film chinois où les personnages s’empiffrent et se saoulent, roulent dans la luzerne (ou les champs de sorgho) et s’étripent avec entrain. Enfin du cinéma digne de la grande littérature chinoise, littérature de vivants et de viveurs, où on ne craint pas d’appeler un chat, un chat, voire un putain de matou. Tout est rouge dans « Le Sorgho », sauf l’idéologie.
Somptueusement rouge, la terre que l’on travaille et l’alcool dont on s’enivre, la colère de l’amant délaissé et le sang des victimes de l’envahisseur japonais. Zhang Yimou trouve pour sa première réalisation l’exacte formule qui mêle la chronique à l’épopée. Et envoûte comme le vent fou sur la mer infinie des champs de sorgho. »
Jean Michel Frodon, Pariscope
« Un premier film venu de Chine populaire couronné par l’Ours d’or du Festival de Berlin. Et d’emblée il surprend : hardiesse, humour, verdeur, lyrisme, voici la Chine millénaire, débarrassée de l’emplois des discours officiels. Ici, pas de rhétorique, mais un souffle, mais une rêveuse tendresse pour montrer les travaux et les jours de la terre chinoise, son petit peuple dru, chaleureux, brutal, vivant enfin. La force et la beauté de cette histoire d’amour vous raviront. Comme ravira la présence de Jiang Wen (Yu, le porteur), le jeune comédien le plus célèbre de Chine. Quant au réalisateur Zhang Yimou, il prouve là, si besoin en était, que quelque chose bouge dans le cinéma chinois. Style original, volonté d’ebranler les tabous, désir de retrouver une vérité de la Chine, lui et ses amis forment vraiment une avant-garde, ou, si l’on préfère, une « nouvelle vague ». Il serait sot de la rater. »
Marie Françoise Leclère, Le Point
Les premières images du film de Zhang Yimou, Ours d’or à Berlin en 1988, sont d’une beauté saisissante. Avant même que l’action ne commence, alors qu’un long plan serré dévisage la jeune femme recluse entre ses tentures amarantes, l’atmosphère du film se tisse autour de la couleur du sang. Rouge comme l’alcool de sorgho, rouge comme les bêtes que l’on dépèce, les résistants que les envahisseurs japonais écorchent vifs, rouge comme les corps qui finiront par tomber face aux armes ennemies et dont le sang se mêlera une dernière fois au sorgho des outres éclatées.
Mais Le Sorgho rouge est avant tout une magnifique histoire d’amour. Un amour qui naît entre les voiles rubis du palanquin, alors que Jui Er, sans un mot, découvre le désir en contemplant le dos du porteur Yu Zhanao (Jiang Wen), un amour qui se concrétise au milieu des sorghos flamboyants que le vieux mari lépreux vient d’être « mystérieusement » assassiné, un amour qui s’accomplit dans la rudesse de la vie paysanne. L’amour de Yu Zhanao donne à la jeune femme la violence, nécessaire pour rompre avec son père qui l’aurait volontiers revendue à un autre vieillard, la force de reprendre la ferme seule et d’y réinstaller une production d’alcool rouge, la volonté de se battre contre l’armée japonaise. Violent, exalté, Le Sorgho rouge est un film puissant, sans autres ambitions que de raconter une histoire.
Mais c’est un film marqué par son époque. Zhang Yimou fait partie de la génération chinoise dite « de la République populaire », celle qui vécut, adolescente, une révolution culturelle menée par des gardes aux couleurs du sorgho. Comme beaucoup de ces jeunes rééduqués dans des camps de travail pour crime « d’instruction », Zhang Yimou a, ancré en lui, la volonté de briser les tabous culturels qui pèsent sur l’histoire de la Chine d’avant Mao. Déjà dans son premier film, en tant que directeur de la photographie, Terre jaune (Grand prix de l’Image au Festival des trois continents de Nantes en 1984), il tentait de recréer les ancestrales coutumes chinoises, tel le superbe hommage au dieu du vin chanté par les paysans du Sorgho rouge.
Ce film est une contre-publicité ambulante pour les campagnes antialcoolisme. Mais l’alcool de sorgho entre peu en cause. L’ivresse du spectateur est picturale, flamboyante et colorée. Rouge violent.
Violaine Gelly, La Croix
En 1982, nouvellement diplômé, Zhang Yimou participe en tant que directeur de la photographie à son premier film (Un et huit de Zhang Junzhao). Puis il continue avec Terre jaune et La Grande parade, tous deux réalisés par son contemporain et camarade Chen Kaige. Yimou, qui caresse depuis longtemps le désir de passer à la réalisation, voit alors son souhait prendre forme au profit d'un changement de studio. Fort de la promesse de bientôt diriger son propre film, il accepte de jouer le rôle principal dans Le Vieux puits de Wu Tianming. Il obtient le Prix du meilleur acteur au Festival de Tokyo en 1987 et inaugure par là-même la série de récompenses qui vont jalonner sa carrière.
Sa première œuvre en tant que réalisateur, Le Sorgho rouge, gagne l'Ours d'or au Festival de Berlin de 1998 et lui donne aussitôt un rayonnement international. Ce film est aussi celui qui marque la construction commune de deux carrières : la sienne et celle de son épouse et muse, Gong Li. Chacun de ses films est l'occasion de la mettre en valeur et de prolonger esthétiquement sa contemplation. Après ce premier rôle, il fait jouer l'actrice dans Judou en 1989 et Epouses et Concubines en 1991 (Lion d'argent au Festival de Venise), où il exprime par ailleurs un grand raffinement formel dans la composition du cadre. Il la dirige à nouveau dans le plus spontané Qiu Ju une femme chinoise en 1992 (Lion d'or cette fois), puis dans Vivre ! (Grand Prix du jury au Festival de Cannes 1994) et dans Shanghai Triad en 1995.
Yimou alterne dès lors une approche filmique âpre et réaliste avec Pas un de moins qui remporte le Lion d'or au Festival de Venise 1999 et la comédie (Happy times). En 2003, Zhang Yimou s'attaque au wu xian pian, le film de sabre traditionnel de Chine et de Hong Kong, avec Hero pour lequel il dirige Jet Li, Maggie Cheung, Tony Leung Chiu Wai, Zhang Ziyi et Donnie Yen, puis Le Secret des poignards volants avec Takeshi Kaneshiro et Andy Lau. Producteur de 2046 de Wong Kar-Wai, Zhang Yimou continue en parallèle d'alterner projets de grandes ampleurs et œuvres un peu plus confidentielles. Il réalise ainsi La Cité interdite, plus gros budget de l'histoire du cinéma chinois, puis enchaîne avec Riding alone for thousands of miles au financement nettement plus modeste. Mis à l'honneur par le festival de Cannes lors de sa 60e édition, Zhang Yimou a été choisit pour être l'un des 60 signataires de la collection de courts-métrages « Chacun son cinéma ». Quelques mois plus tard, le cinéaste était président du jury de la Mostra de Venise, récompensant son compatriote Ang Lee pour le film Lust, Caution. En 2008, il est choisi pour concevoir le spectacle de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques d'été à Pékin. Un an plus tard il réalise A Woman, a Gun and a Noodle Shop qui est le remake de Sang pour sang des frères Coen. En 2014 il réalise Coming Home, un mélodrame bouleversant sur la perte de mémoire dans lequel Gong Li montre à nouveau toute l’étendu de son talent d’actrice.
2016 The Great WalL
2014 Coming Home
2014 The Parsifal Mosaic
2014 The Target
2011 THE FLOWERS of war
2010 Sous l'aubépine
2009 A Woman, A GUN And A Noodle Shop
2007 Chacun son cinéma (Segment « En regardant le film »)
2007 La Cité interdite
2006 Riding Alone for Thousands of Miles
2003 Le Secret des poignards volants
2002 Hero
2000 Happy Times
1999 THE ROAD HOME
1998 Pas un de moins
1997 KEEP COOL
1995 Shanghai Triad
1994 Vivre !
1992 Qiu Ju une femme chinoise
1991 Epouses & concubines
1990 ju Dou
1989 OPERATION JAGUAR
1987 LE Sorgho rouge
Les acteurs
Gong Li | Jiu Er |
Jiang Wen | Yu Zhanao |
Rujun Ten | Luo Hang |
Chun Hua Ji | Bandit |
Réalisateur | Zhang Yimou |
Scénario | Chen Jianyu et Wei Zhu. D'après le roman Le Clan du Sorgho de Mo Yan PRIX NOBEL DE LITTÉRATURE 2012 |
Directeur de la photographie | Changwei Gu |
Montage | Du Yuan |
Direction artistique | Yang Gang |
Musique | Zhao Jiping |
Distribution | Films Sans Frontières |