SYNOPSIS
Un homme est sur le point de mettre à exécution un plan qu'il prépare depuis longtemps. La caméra suit presque tous ses faits et gestes. Le spectateur devient un témoin privilégié des moments les plus intimes de cette personne, entre angoisse et désespoir, dans les secondes qui précèdent sa décision sur une question de vie ou de mort. Ça pourrait être un film muet. Pas un mot, mais tout est dit. Par la mise en scène, rien que la mise en scène, et c'est éblouissant. Un homme marche, et on le suit. Ce qu'il va faire - on le découvre vite - installe un certain suspense. Mais à peine installé, le film part ailleurs. Les questions commencent à se bousculer. Inutiles : le film a filé, bien plus vite que nous.
Et l'homme, bientôt, ne marche plus, il fuit. Nous avec, collés à ses basques. Voyeurs, anges gardiens, bonne ou mauvaise conscience... Liés. Comme « l'histoire » qui n'est rien, ici, sans ce mouvement de va et vient qui la compose et la nourrit : aller au feu du danger, en revenir (mais dans quel état ?). C'est que la vraie histoire de L’ASSAILLANT, la seule action (entre deux pauses, deux suspenses, deux glissements qui font que rien de ce que l'on attendait n'arrive tout à fait), c'est le corps d'un homme. Toujours la mise en scène. Mise en lumière de l'acteur, sa présence dans l'espace, capter le rayonnement de son humanité. L'acteur, ici, c'est Arturo Goetz : par lui, vit ce corps fébrile, inquiet, fonceur, rageur, blessé, compatissant et rendu, finalement, à son anonymat. Alors le film peut s'achever - là où il aurait pu commencer. Ce corps nous raconte, par incidence, toute la vie d'un homme par sa façon d'être. Tout son malaise par sa façon de se tenir. Sa fragilité, à sa façon d'être là en espérant être ailleurs quand, dans un taxi, il se trouve aux côtés d'une jeune femme qu'il sauve tout autant qu'elle l'a sauvé. A moins qu'elle ne décide de tout défaire...
Tout se joue en quelques minutes. Chaque seconde compte. Le film ne dure qu'1h07.
Au final - peut-on imaginer coup de théâtre moins spectaculaire ? -, L’ASSAILLANT était l'histoire d'une vie banale, mais dont on a soudain partagé la brusquerie. C'est tout ? Oui. Mais pour nous faire ressentir le désarroi, la solitude, le quotidien, la précarité... rien que du cinéma. Donc un vrai cinéaste. Philippe Piazzo