Confinés dans leur cellule respective, deux prisonniers (un jeune homme, un quadragénaire) entrent en contact. Une minuscule cavité traverse le mur qui les sépare. A l’aide d’une paille, d’une cigarette, ils font l’amour. Un gardien s’immisce dans leur intimité à travers l’œil du judas.
Le seul et sublime film de Jean Genet : un condensé de sa poétique qui transforme l’ordure en roses. “La caméra peut ouvrir une braguette et en fouiller les secrets. Si je le juge nécessaire, je ne m’en priverai pas.” Cette profession de foi ambitieuse de Genet n’a pourtant engendré qu’un seul film, mythique. Mais […]
Le seul et sublime film de Jean Genet : un condensé de sa poétique qui transforme l'ordure en roses.
"La caméra peut ouvrir une braguette et en fouiller les secrets. Si je le juge nécessaire, je ne m'en priverai pas." Cette profession de foi ambitieuse de Genet n'a pourtant engendré qu'un seul film, mythique. Mais quel film ! Il y a dans ces 26 minutes tournées en 1950 une telle densité, une telle poésie qu'on peut les voir et les revoir sans jamais les épuiser. Dans une prison, deux voisins de cellule sont l'objet des fantasmes d'un gardien voyeur. Tout y est de la poésie de Genet (de son folklore, diront ses détracteurs) : virilité magnifiée des voyous, lyrisme sec symbolisé par ce bouquet de fleurs que tentent de se passer les deux voisins par la fenêtre, sadomasochisme théâtral, audace provocante des bites bandées... Et surtout, ce mélange incandescent d'érotisme et de tendresse que résume le fameux plan où les deux détenus partagent une cigarette grâce à une paille traversant le mur entre leurs cellules. Une vraie trouvaille qui donne une idée du potentiel de Genet au cinéma.
Les Inrockuptibles Olivier Niklaus |