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Réalisé juste après Los olvidados, Susana la perverse permet à Buñuel de s‘attaquer à l’une des valeurs sociales les plus sacrées : la famille. Celle de Don Guadalupe constitue en tout point un modèle du genre, et l’arrivée inopinée de Susana va mettre en péril l’harmonie de ce petit monde parfait. Comme le dit lui-même Luis Buñuel : « Dans une société organisée et hiérarchisée, le sexe, qui ne respecte aucune barrière, aucune loi, peut à chaque instant devenir un facteur de désordre et un véritable danger. » Susana la perverse en est la plus brillante illustration.
Extrait du livret critique en supplément:
Dans ce film, Susana n’est pas la fille biologique de Guadalupe, celui-ci n’ayant qu’un fils, elle est une fille substitut. Ici, elle est un élément perturbateur, car en jouant de son pouvoir de séduction, elle compromet l’ordre et l’harmonie au sein de la famille. Le père, mais également tous les autres personnages du domaine, doivent triompher de ce pouvoir afin de retrouver la quiétude qu’elle avait bouleversée en arrivant. Pour Bunuel, la liberté n’est qu’imaginaire. Susana, qui ne jouit que d’une liberté temporaire à travers des contraintes, finira par retourner dans la prison dont elle s’était échappée, permettant ainsi à la famille de réaffirmer son identité et son style de vie vertueux. |