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Première réalisation de Mario Bava, alors directeur de la photo réputé, Le masque du démon donne ses lettres de noblesse au fantastique en l'habillant d'une esthétique visuelle jusque là étrangère au cinéma de genre. Mais il en repousse aussi les limites : dès la première scène anthologique, au réalisme quasi insoutenable, Bava s'impose d'emblée comme un précurseur, dont la vision transformera à jamais le cinéma d'horreur.
Extrait du supplément fiche historique:
Le masque du démon est, en quelque sorte, la relecture du gothique anglais par un cinéaste italien adaptant un auteur russe. Bava s’inspire en effet lointainement d’une nouvelle de Nicolas Gogol, Vij, dont le cinéaste russe Alexandre Ptouchko tirera une adaptation plus fidèle sept ans après. Le récit décrit les nuits de terreur d’un jeune prêtre chargé de veiller une morte qui n’est autre qu’une sorcière. Le masque du démon n’en garde même pas le sujet, mais juste l'idée principale, celle de la malédiction d’une sorcière. Pourtant, il illustre un thème cher aux oeuvres russes et fantastiques en général, celui du double et de la réincarnation diabolique. Le masque du démon appartient ainsi à la veine littéraire de Bava, qui adaptera plus tard une nouvelle de Léon Tolstoï dans un des sketchs des Trois visages de la peur, Les Wurdalaks avec Boris Karloff, en restant beaucoup plus fidèle au texte original. Sorte de pendant en couleurs du Masque du démon, Les Wurdalaks viendra souligner combien Bava, que ce soit en utilisant le bleu et le vert ou le noir et blanc, sait donner un visage à la peur. |