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Fort du succès d’ALEXANDRE NEVSKI, soutenu maintenant par les autorités soviétiques, Eisenstein a les mains libres pour entreprendre son second film historique, destiné officiellement, comme le premier à inculquer au peuple russe menacé par l’impérialisme allemand, un sentiment de fierté patriotique, de force et de confiance en soi.
Il commence donc en 1940 la préparation d’un film sur le tsar qui, au XVIème siècle, unifia pour la première fois les terres russes : Ivan IV dit le Terrible.
« Ce sujet grandiose, dit Eisenstein, exigeait une mise en scène monumentale. Toute la vie privée passe au second plan, tout est soumis à l’idée maîtresse du film : la puissance de la Russie et la lutte épique pour sa grandeur. Ces conflits essentiels nécessitaient logiquement la forme de la tragédie. Le désir de brosser une fresque majestueuse nous a obligé à recourir à des moyens d’expression majestueux ; le langage est devenu rythmique, et les chœurs se sont mêlés au dialogue. Tous nos efforts ont tendu à communiquer aux spectateurs le sentiment de la grande puissance de l’Etat russe. C’est pour cette raison que les chambres sont énormes, que les plafonds atteignent une hauteur considérable, que chatoient les brocarts et les fourrures, que les joyaux scintillent et que les chœurs puissants des anciens chants liturgiques résonnent avec solennité. » |