Fritz Lang naît à Vienne en 1890. Issu d’une vieille famille bourgeoise, il se destine à la peinture tout en étudiant l’architecture, profession de son père, sur l’ordre de celui-ci. Après une fugue qui le mène jusqu’en Extrême-Orient, il rentre en Europe, découvre le cinéma à Bruges (1909) et s’installe à Paris, d’où la guerre le force à partir (1914). Blessé sur le front italien, il termine la guerre dans un hôpital viennois, et écrit ses premiers scénarios à l’usage de Joe May qui ne s’y intéresse guère, puis d’Otto Rippert (1919) : il s’agit de films d’aventures historiques ou exotiques, parfois publiés en même temps en feuilleton par Lang. Parallèlement, il fait ses débuts de réalisateur sous la férule d’Erich Pommer.
Son premier film important sera Les Araignées, dont, malgré le succès, deux épisodes seulement (sur quatre prévus) sont réalisés. En 1922, la réussite des Trois Lumières assure son indépendance. La même année, pendant le tournage de Mabuse le Joueur, il perd accidentellement l’œil droit. Il écrit ses films en collaboration avec Thea von Harbou, sa seconde épouse (la première s’est suicidée) jusqu’en 1934. Le succès de ses films impressionne les nazis, qui, sensibles au « germanisme » affiché des Niebelungen, songent à lui comme à un dictateur du cinéma allemand. Convoqué par Goebbels en 1933, Lang s’entend proposer une collaboration flatteuse alors même que son dernier film Le Testament du docteur Mabuse venait d’être interdit. Le soir même, il prend le train pour Paris : Thea von Harbou, dont il était effectivement séparé depuis quelque temps, rejoint, elle, le parti nazi.
En France, Lang dirige un film, Liliom (1934), et gagne Hollywood. Ses premiers projets n’aboutissent pas. Sous contrat à la MGM, il reste quelque temps sans travailler avant de tourner Furie, qui l’impose en Amérique. Les années suivantes, il travaille pour différents studios (notamment la Fox).
Conformément aux pratiques américaines, il ne cosigne pas les scénarios, ne coproduit que rarement les films, n’a pas droit au montage final. Mais, dans la pratique, il travaille aux scénarios et s’arrange le plus souvent pour rendre impossibles des coupes trop mutilantes. Il rencontre néanmoins des difficultés malgré la réussite de Furie (1936) et de J’ai le droit de vivre (1937). Au cours des années 40 et 50, il réalisé certaines œuvres majeures comme Chasse à l’homme (1941), Les bourreaux meurent aussi (1943), La Femme au portrait (1944), La Rue rouge (1945), L’Ange des Maudits (1952) et Règlement de comptes (1953). Ses derniers films américains témoignent d’une maîtrise croissante mais vont à contre-courant des tendances nouvelles.
En 1956, Lang reçoit des propositions allemandes et il rentre en Europe. Il dirige en Inde une coproduction inspirée d’un de ses scénarios de jeunesse et se bat contre les studios de la Bavaria pour maintenir ses conceptions.
En 1960, il tourne sons dernier film en Allemagne : une « suite » de Mabuse. Alors que depuis longtemps la critique le considère comme « fini », de jeunes cinéphiles découvrent sa période américaine et l’acclament. Jean-Luc Godard lui fait jouer son propre rôle dans Le Mépris, et il est question qu’il tourne en France. Lang regagne Hollywood, apparaît dans divers festivals et se consacre à la supervision de sa biographie par Lotte Eisner, ouvrage qu’il ne verra pas paraître. Il meurt le 2 août 1976 à Beverly Hills, à l’âge de 85 ans. Extrait du Dictionnaire du Cinéma
(Larousse – 1986) |