Le synopsis
Voila comment, la réalisatrice Katharina Otto-Bernstein présente son nouveau documentaire ABSOLUTE WILSON. Il s'agit d'un portrait vivant et provoquant de l'un des metteur en scène les plus avant-gardiste de notre époque : le légendaire Robert Wilson. Le film le présente comme un homme entier, sincère qui parle de sa vie aisément et sans retenue : son bégaiement et son enfance solitaire au Texas, son travail créatif, artistique et thérapeutique avec des enfants infirmes, son départ du Texas et sa fascination pour l'effervescence culturelle de New York des années 60. Apparaît alors une vie pleine de couleurs, de rythmes et de sensations. Ce qui rend le documentaire poignant c'est la façon dont on s'aperçoit qu'à travers de multiples épreuves Robert Wilson c'est façonné son propre univers artistique et esthétique en travaillant sur des Opéras et des pièces de théâtres de grandes renommées. Il s'agit donc de l'incroyable parcours d'un enfant timide et bègue, de son combat et de son triomphe face à l'adversité de la vie. A travers ABSOLUTE WILSON, la réalisatrice nous propose un documentaire "qui est un extraordinaire exemple d'une histoire perpétuant le rêve Américain".
ABSOLUTE WILSON montre les liens existants entre l'enfance et les créations de Robert Wilson. Il se sentait comme un étranger dans un monde dirigé par l'Eglise, sa menace d'excommunication, et la ségrégation raciale quotidienne. Entre une mère peu présente et un père à l'ambition déchue, Robert Wilson a passé son enfance seul. Ses professeurs ne croyaient pas beaucoup en lui et personne ne lui prédisait un avenir glorieux. Son amitié avec un enfant noir américain issue d'une famille ouvrière l'a éloigné encore plus d'une société ou les relations intercommunautaires étaient bannies. Le tournant décisif dans la vie de Wilson a été sa rencontre avec un professeur de danse nommé Byrd Hoffman, qui lui enseigna la nécessité du ralentissement des mouvements. Non seulement son bégaiement s'améliora mais la notion même du ralentissement aux sens littéral et métaphorique du terme s'inscrit durablement dans sa conception particulière et dans son langage théâtral.
Après un échec dans ses études de droit, Wilson décida de changer de voie et de se lancer dans l'architecture à l'institut de Pratt. C'est à cette période qu'il découvrit son homosexualité et qu'il rentra en conflit ouvert avec son père. Celui-ci déclara que l'homosexualité pouvait être soignée comme une maladie virale. New York a été un tournant décisif dans la vie de l'artiste : l'univers du design, de la danse, du théâtre, et le travail de pionniers tels que Merce Cunningham et John Cage ont fait écho chez l'adolescent en quête de nouveauté.
A travers le documentaire de Katharina Otto-Bernstein, on observe le travail thérapeutique de Robert Wilson avec des enfants hyperactifs. Ces expériences prouvent qu'un travail en art thérapie peut profondément influencer les relations du langage et du mouvement.
Grâce à un mélange vivant d'interviews réunissant le musicien David Byrne, l'écrivain Susan Sontag (dans l'une de ses dernières interviews avant sa mort), le compositeur et collaborateur Philipp Glass, la star d'Opéra Jessye Norman, ABSOLUTE WILSON raconte les débuts de Robert Wilson à New York : ses expériences en "art thérapie" (il travail avec des patients atteint de maladies pulmonaires), et la découverte du théâtre expérimental avec la Byrd Hoffman School, dont les membres sont aussi bien des hommes d'affaires que des femmes au foyer. On apprend que Robert Wilson a prit en affection Raymond Andrews, un adolescent noir américain, qui lui a inspiré la réalisation de son premier grand spectacle : l'Opéra des sept heures silencieuses de Deafman Glance. Louis Aragon, le co-fondateur du mouvement des surréalistes, a encensé la pièce Deafman Glance dans une lettre ouverte à André Breton. Le documentaire montre des pièces extraordinaires, mises en scène et dirigées par Robert Wilson comme Ka Montaine and Guardenia Terrace, un spectacle de sept jours joué dans les montagnes iraniennes. Ou l'Opéra Einstein on the Beach, un des travaux les plus connu de Robert Wilson aux Etats-Unis, sur lequel il a collaboré avec le compositeur Philip Glass. ABSOLUTE WILSON retrace également l'histoire de l'énorme projet multinational de Robert Wilson, Civil Wars, originellement programmé pour les jeux Olympiques de 1984 à Los Angeles. Bien que des parties de Civils Wars ont été jouées dans différentes villes à différents moments, Robert Wilson, à cause d'un retrait de fonds de la commission Olympique, n'a jamais pu voir la pièce jouée en entier à Los Angeles comme il l'avait programmé au départ.
Katharina Otto-Bernstein, nous offre le portrait intense et rare d'un homme discret au génie déroutant. A la fois exaltant, troublant, innovant, et finalement très humain c'est peu être à travers sa personnalité que Robert Wilson nous transmet sa plus forte émotion.