NOTES DE PRODUCTION
L'ADAPTATION
Le film s’inspire de deux nouvelles d’Andre Dubus «Adultery » et « We don’t live here anymore », parues dans la deuxième moitié des années 70. Elles racontent l’histoire provocante et méditative de deux couples confrontés à l’infidélité. « We don’t live here anymore » relate l’histoire de Jack (de son propre point de vue) avec Edith. Elle atteint son point culminant lors de la confrontation finale des conjoints. « Adultery » nous dévoile, du point de vue d’Edith, quelque temps après sa relation avec Jack, sa désillusion croissante par rapport à son mariage. Elle se remémore les premiers jours de son mariage en même temps qu’elle découvre les infidélités de son mari.
Dans le film, chacun des personnages adopte une attitude différente et a sa propre motivation face à sa transgression. L’histoire, riche des observations aigues de Dubus sur la nature humaine, dépeint quatre adultes luttant avec ambivalence contre la lente et immuable marche vers l’âge mûr.
Larry Gross, le scénariste du film, a trouvé dans les nouvelles de Dubus, une peinture de la crise entre deux couples, à la fois réaliste et extrêmement complexe dans son exploration des forces qui poussent chacun de personnages.
Ces histoires posent des questions difficiles sur la vie conjugale avec une inflexible honnêteté. Elles évoquent non seulement la déception et la mesquinerie mais aussi les différentes tromperies qui peuvent détruire un mariage, avant même que la trahison n’ait lieu.
Selon Gross, dans ces récits, un mélange d’événements arrivent dans la vie des quatre personnages principaux qui les emprisonnent dans des situations complexes : la pression, la faiblesse, la fatigue, la peur, la compassion, la nostalgie, les demandes des enfants, les problèmes d’argent, l’ambition, le manque d’ambition, le manque de temps, l’inertie, le regret, le désir.
Dubus montre que, même si amour et mariage ne vont pas souvent de pair, ils sont irrésistiblement entrelacés. Ses histoires véhiculent une idée qui peut mettre mal à l’aise, que l’amour ne signifie pas nécessairement tranquillité, honnêteté et bien être. L’amour ne rend pas nécessairement heureux.
Dubus y dissèque les différentes façons d’aimer qui viennent compliquer la vie conjugale et l’amitié, ainsi que la tension qui peut résulter d’une absence de loyauté.
Les effets bouleversants de l’amour est le thème récurent dans toutes les nouvelles de Dubus. Dans ces deux histoires en particulier, toutes les sortes d’amours sont contrastées : l’amour entre les époux, l’amour clandestin entre amants, l’amour entre amis du même sexe, l’amour paternel et filial, l’amour sexuel, l’amour devenu amitié, l’amour réduit au regret, l’amour qui provoque la déception et l’amour passion qui déchaîne la violence.
En adaptant ces deux nouvelles, Gross reproduit en grande partie les événements de « We don’t live here anymore » en y incluant la période du mariage d’Edith et Hank présente dans « Adultery », mais il choisit de déplacer le point de vue d’un personnage principal vers une combinaison des quatre personnages dans un jeu de miroirs dans lequel chaque individu agit en contrepoint des autres.
« J’ai voulu compliquer la structure des œuvres originales » dit Gross, « en m’inspirant de Jean Renoir qui dans La Règle du Jeu fait dire à un personnage que dans la vie, le problème est que chacun a ses raisons. J’ai voulu donner une finesse psychologique aux points de vue de tous les personnages car selon moi, les quatre perspectives rendaient le matériau cinématographique. »
En multipliant les points de vue, Gross amène les spectateurs à sympathiser avec chacun des personnages et il augmente la complexité émotionnelle de l’histoire. Cet équilibre délicat des perspectives enrichit les possibilités dramatiques du matériau en ajoutant des niveaux d’interprétation à des scènes apparemment ordinaires. Ceci est dû à la prise de conscience graduelle de chacun des personnages.
Est-ce que Hank encourage Jack à trahir sa femme avec la sienne se donnant ainsi la possibilité de faire pareil en retour ou bien essaye-t-il simplement de « décoincer» son ami ?
Jack est-il conscient qu’il jette sa femme dans les bras de son meilleur ami ou bien n’exprime-t-il que sa frustration dans ce mariage ?
Avec le même réalisme dont a fait preuve Dubus, la complexité des cœurs infidèles y est montrée non seulement dans les actions des amants infidèles mais aussi dans leurs relations avec les personnes qu’ils trahissent.
Ecrit depuis plus de vingt ans, le script et ses droits d’adaptation appartenait à la Columbia Pictures. Gross et le producteur Jonas Goodman (Front Sreet Pictures), dont le père était l’éditeur de Dubus, ont essayé d’en acquérir les droits après le succès remporté par « In the bedroom », film de Todd Field tiré de « Killings » de Dubus. Leur persévérance fut payante, Gross, Goodman et les autres producteurs de Front Street mettent le projet en route avec Ruth Epstein comme producteur executif.
John Curran est choisi comme réalisateur faisant bénéficier le film de sa vision personnelle. Il déclare : « Premièrement et avant toute chose, c’est l’honnêteté brutale du script qui m’a attiré. Sa compassion en vers le personnage principal….l’idée que le véritable engagement implique un certain sens du sacrifice et que à différents degrés, le mensonge et l’hypocrisie sont communs à toutes les relations…Deuxièmement, la façon dont l’idée est explorée à travers les changements graduels des points de vue, tisse le drame comme un thriller émotionnel.»